Durant cette période de salon de l’agriculture 2020 on entend évidemment beaucoup parler des difficultés de l’agriculture. Je ne m’étendrai pas sur les raisons mais plutôt sur les annonces autour des solutions de traçabilité organisées autour de blockchains. Elles sont nombreuses et pour n’en citer que quelques unes : Bonjour le bon, connectingfood, Cereal, les blockChains des distributeurs comme Carrefour, ositrade, etc.

L’utilisation de la Blockchain pour assurer la traçabilité dans le monde agricole nécessite des adaptations qui ne sont pas forcément nécessaires dans d’autres industries qui n’impliquent que des spécialistes. En effet cette traçabilité est attendue par les consommateurs finaux qui ne comprennent plus rien aux labels qui se sont multipliés mais qui n’apportent plus les garanties souhaitées par le consommateur, même les labels bios ou de fairtrade. Ces consommateurs sont aussi prêts à payer, mais pas forcément uniquement qu’avec de l’argent, pour de nouvelles garanties de qualité comme le montre nos études @wassati.

Mais pour reconstruire une certaine confiance la blockchain seule ne sera pas suffisante contrairement à ce qu’on lit dans beaucoup trop d’articles. Deux conditions sont nécessaires autour de la blockchain pour assurer la confiance promise au consommateur : 1/ assurer que la donnée collectée soit garantie infalsifiable en amont de l’écriture dans la blockchain, 2/ garantir que les applications qui mettront à disposition l’information aux consommateurs en sortie de blockchain ne détournent pas l’information, mais la mette seulement en forme suivant les besoins de simplicité et de transparence du consommateur.

Pour traiter le premier élément il faut mettre en place au moins une data gouvernance sur la chaine de collecte de données qui garantisse non seulement la bonne qualité mais aussi l’infalsifiabilité de cette donnée avant écriture dans la blockchain. N’oubliez pas que la blockchain ne garantit l’inviolabilité que de la donnée inscrite dans la blockchain. Elle ne garantit rien an amont ni en aval de la blockchain. Sans contrôle supplémentaire la blockchain peut stocker des données falsifiées. Les « smart contracts » qui doivent normalement assurer cette fonction intégrée dans certaines blockchains sont de simples scripts et ne permettent pas d’assurer cette infalsifiabilité, ni la transparence qui permette à des auditeurs externes (ou le consommateur) de s’assurer de cette incapacité de fraude. De plus toutes les blockchains ne font pas appel à ces smart contracts. Il faudrait vérifier les capacité réelles assurées ou non par le système de blockchain utilisé or ils sont tous avec des caractéristiques propres souvent non divulguées en tout cas au profane. Donc il est nécessaire d’ajouter dans le dispositif une data gouvernance pour diminuer les possibilités de fraude en contrôlant l’accès directement aux sources de données ainsi que nommer un responsable pour chaque source de données. Même si cela ne garantit pas complètement la non falsification des données on a au moins immédiatement un responsable vers qui se tourner. Cela devrait diminuer très largement la fraude.

Pour traiter le deuxième élément d’utilisation des données de la blockchain il faut garantir les programmes qui mettent à disposition ces informations, qu’on appelle ScanFood par exemple Yuka ou MyLabel. C’est ainsi qu’on a commencé à voir des articles critiquant, à juste raison, les méthodes de calcul de Yuka soit disant réalisées par une communauté d’experts. Il est louable de vouloir simplifier le résultat pour le consommateur mais c’est le consommateur qui doit rester maitre de ses choix, de ces valeurs, de ces paramétrages, de ce qui lui apparait important ou plus futile comme critère et non un collège d’experts. C’est là qu’il faut offrir une complète transparence au consommateur et non une boite noire conduisant à une forme de pensée unique provenant d’experts.

Voilà par ce texte je ne mets pas en cause l’apport des blockchains, ni des solutions qui gravitent autour mais seulement je les replace dans un contexte ou la data gouvernance et la transparence de la mise à disposition des informations sorties des blockchains sont tout aussi importantes pour assurer un véritable gain de confiance pour le consommateur final.

N’hésitez pas à réagir à mes propos. Tous les commentaires sont les bienvenus.

#Wassati @wassati #consumersvalues

#bonjourlebon #BlockChain